Depuis l’entrée en vigueur du “trajet de soins buccaux” (TSB) en 2016, les personnes âgées de 18 ans au moins qui ne
vont pas régulièrement chez le dentiste sont responsabilisées financièrement : elles doivent payer plus pour certains soins
dentaires (dans la plupart des cas, le ticket modérateur est doublé).
Une première analyse mesurant l’impact du TSB sur le recours aux soins préventifs, sur base de nos données entre 2013 et
2016, dressait un bilan mitigé : si une partie plus importante de la population consultait préventivement le dentiste, l’impact sur
les populations y recourant moins restait limité. Ce Stat Info Solidaris vise à approfondir l’analyse sur base des
données de 2017 et évaluer l’impact de la responsabilisation financière du patient en matière de prévention. Nous analysons
ainsi le suivi du TSB et l’impact financier pour les bénéficiaires ordinaires (BO) qui n’ont pas suivi de TSB.
En 2017, sur un total de 2.787.893 prestations concernées par le TSB, 29% sont hors trajet de soins (hors TSB). Autrement
dit, dans 3 cas sur 10, le patient n’a pas consulté le dentiste l’année précédente. La majorité du temps (dans 72% des cas),
il va chez le dentiste pour effectuer des soins conservateurs. L’impact financier du non suivi du TSB peut être important. Un
patient BO paie, en moyenne, un surcoût de 27€ quand il n’a pas été chez le dentiste l’année précédente. Ce surcoût monte
à plus de 35€ pour un patient sur 4 et peut même aller jusqu’à plus de 83€ pour 5% d’entre eux. Au total, si on extrapole nos
chiffres au niveau national, l’impact financier du trajet de soins buccaux s’élève à 18 millions d’euros pour les patients en 2017.
Les personnes hors TSB présentent un profil particulier : il s’agit davantage de jeunes de moins de 30 ans et de personnes âgées de 90 ans et plus, de résidents bruxellois et wallons ou encore de patients ne disposant pas de dossier médical global (DMG).
Notre analyse par quartier montre également un clivage social important en matière de recours aux soins dentaires. Le non suivi du TSB touche plus les personnes situées en bas de l’échelle sociale : 39% d’entre elles n’ont pas été chez le dentiste l’année précédente contre 25% parmi les personnes en haut de l’échelle sociale. Par conséquent, la mesure consistant à responsabiliser le patient au niveau de son comportement préventif pénalise d’autant plus les personnes déjà affaiblies sur le plan socio-économique.