Avec une consommation ambulatoire de 29,0 DDD/1000 affiliés/jour, la Belgique occupe, en 2014, après la Grèce, la Roumanie et la France une place au pied du podium des pays européens consommant le plus d’antibiotiques loin au-dessus de la moyenne européenne de 21,6 DDD/1000 affiliés/jour. Si le pourcentage de personnes se voyant prescrire un antibiotique entre 2004 et 2014 est resté stable – aux alentours de 41% – le nombre de DDD/1000 affiliés/jour a augmenté de 25,1 % à 29%, soit une progression de 15% qui s’explique principalement par l’augmentation de la taille des conditionnements et de doses plus élevées en substance active. Mais l’analyse détaillée de l’évolution de la prescription montre des signes positifs. Ainsi, ¾ des classes d’antibiotiques de seconde ligne enregistrent une diminution. De même, le ratio amoxicilline / amoxicilline + acide clavulanique passe de 0,36 en 2004 à 0,46 en 2014. Cette évolution reflète une amélioration de la qualité de la prescription même si ce ratio reste encore très éloigné de l’objectif de 0,8 fixé par la BAPCOC
pour l’horizon 2018.
Par ailleurs, le suivi de la pratique de prescription d’une cohorte de 2.069 médecins montre aussi que de la proportion de la patientèle sous antibiotiques a diminué pour plus de ¾ des médecins généralistes de la cohorte entre 2004 et 2014, en particulier chez les médecins qui présentaient un pourcentage élevé de patients sous antibiotiques en 2004. Ces évolutions restent néanmoins timides : nous utilisons les antibiotiques encore trop fréquemment et incorrectement en Belgique. Diminuer le remboursement des antibiotiques comme vient de le décider le Gouvernement va doubler la facture des patients bénéficiaires ordinaires et tripler celles des bénéficiaires de l’intervention majorée, et cela sans rien changer à la prescription. Or, nous avons calculé que si les recommandations de la BAPCOC étaient suivies par les médecins prescripteurs, soit une limitation à 400 prescriptions/1000 affiliés/an, l’économie pour l’INAMI serait de 54,7 millions € et
de 13,3 millions € pour les patients.