En mai 2012, la firme pharmaceutique Pfizer a perdu l’exclusivité commerciale sur l’atorvastatine qui était jusqu’alors vendue uniquement sous forme de médicament original, le Lipitor. L’expiration du brevet du Lipitor et l’arrivée des génériques concurrents se sont traduits par une forte baisse du chiffre d’affaire réalisé par la firme Pfizer sur la vente du Lipitor. En 2013, la firme conservait toutefois la majeure partie (63%) du marché de l’atorvastatine grâce aux ventes de son propre générique, le Totalip. Le reste du marché se répartissait entre les autres génériques (19%) et les médicaments d’importation parallèle (18%). Globalement, les dépenses de l’assurance maladie pour l’atorvastatine se sont réduites de moitié entre 2011 et 2013. La “guerre des prix” sur le marché de l’atorvastatine a entraîné une diminution du prix public moyen de l’atorvastatine de 65%. Mais cette baisse a été en partie compensée par une augmentation (+31%) du volume de doses délivrées sur la même période. On observe un rythme de croissance du volume deux fois plus soutenu après l’expiration du brevet (15% contre 7% de moyenne annuelle avant l’expiration du brevet). Cette progression s’explique quasi-exclusivement par l’augmentation du nombre de patients traités par atorvastatine. La hausse du volume observée au niveau de l’atorvastatine provient d’un shift de prescription au sein même de la classe des statines. En 2013, 35% des patients initient leur traitement avec de l’atorvastatine contre 13% en 2011 !
Par ailleurs, deux fois plus de patients déjà sous statine “switchent” d’un traitement par simvastatine vers l’atorvastatine. Cette augmentation sensible du nombre de patients traités par atorvastatine ne se justifie ni sur le plan médical, ni sur le plan financier. On peut dès lors penser qu’elle est imputable aux vastes campagnes de marketing qui ont accompagné l’expiration du brevet du Lipitor et l’arrivée sur le marché du Totalip et des génériques concurrents. Enfin, plus d’un patient sur trois sous Lipitor avant la perte du brevet restent traités avec ce médicament de marque en 2013 alors que ce dernier reste deux fois plus cher que les génériques. Parmi ceux qui commencent un traitement à l’atorvastatine après l’expiration du brevet, 16% débutent avec le médicament original plus cher. Face à ces constats, Solidaris – Mutualité Socialiste propose un meilleur contrôle des pratiques de marketing, de faire jouer la concurrence par les prix entre médicaments de même valeur thérapeutique, l’obligation de prescription en DCI pour certains traitements et enfin, la mise en place d’un Observatoire de la prescription.
Expiration des brevets : quel impact sur les prix et les volumes