Les inégalités sociales constituent un enjeu fondamental dans les pays européens et sont présentes
dans de nombreux domaines : santé et accès à la santé, revenus, droits, pouvoirs, richesses, accès
aux informations et aux services, etc. La source de ces inégalités est multiple et nécessite dès lors
une analyse approfondie pour les comprendre.
Dans cette étude, Solidaris se penche en particulier sur les inégalités sociales de santé (ISS) qui
représentent un enjeu central de santé publique en Belgique. De facto, les ISS se réfèrent aux
disparités observées entre différents groupes sociaux au niveau de leur état de santé (physique et
mentale), leur bien-être, leur espérance de vie (et celle en bonne santé), leur consommation de
soins, leur santé déclarée ainsi qu’au niveau de leur comportement et mode de vie.
De nombreuses recherches tant en Belgique qu’à l’étranger y ont été consacrées. Elles témoignent
toutes de l’existence d’une étroite relation entre l’état de santé d’un individu et son appartenance à
un groupe social (celui-ci étant fonction du revenu, du niveau d’éducation, de la profession, du lieu
de résidence, etc.).

Cela se traduit par davantage de maladies et comportements à risque ainsi qu’une morbidité et une
mortalité supérieures parmi les personnes précarisées. A contrario, les personnes qui occupent une
position sociale plus élevée sont en meilleure santé, jouissent d’une qualité de vie supérieure et
vivent plus longtemps. Les ISS se retrouvent à tous les niveaux de l’échelle sociale : « ceux qui sont
au sommet de la pyramide sociale jouissent d’une meilleure santé que ceux directement en dessous
d’eux, et qui eux-mêmes sont en meilleure santé que ceux qui sont juste en dessous et ainsi de
suite jusqu’aux plus bas échelons ».

Elles existent selon un gradient social comme cela a été démontré à plusieurs reprises au niveau d’études belges et internationales : la fréquence d’unproblème de santé augmente des catégories sociales les plus favorisées vers les plus
défavorisées.
Paradoxalement, les inégalités de santé entre les différents groupes sociaux se sont globalement
renforcées ces dernières décennies malgré les progrès en matière de santé publique et les
systèmes de protection sociale offrant une large accessibilité aux soins de santé. Si les conditions
de vie et des soins de santé se sont améliorées – se traduisant notamment par une progression de
l’espérance de vie de plus de deux mois par an ces 20 dernières années – il n’en reste pas moins
que les ISS persistent et continuent même de s’accroître. Les Belges ne bénéficient pas des
progrès médicaux et sociaux dans la même mesure : les personnes issues de milieux sociaux
moins aisés ne voient pas leur santé s’améliorer autant que ce qui serait possible alors que ceux
tout en bas de l’échelle ne connaissent aucun changement, ou pire voient leur situation s’aggraver.

Le dernier Baromètre Solidaris6 montre des écarts marqués et qui augmentent : l’indice global de
bien-être et de confiance, résultant d’une batterie de plus de 200 questions, a ainsi diminué pour les
10% des belges (francophones) les plus précarisés (passant de 17,2% à 15,7%) entre 2015 et 2017
alors que ce même indice a augmenté parmi les 10% les plus aisés (et est passé de 85,4% à
86,7%). En outre, ce Baromètre met en évidence que pour le Belge, la santé est le premier critère
qui détermine son bien-être, bien avant le revenu, le statut professionnel ou les relations sociales. Et
pourtant, s’il y a bien une chose face à laquelle les individus ne sont pas égaux, c’est la santé.
Solidaris a dès lors décidé de consacrer ses Assises 2018 au thème des inégalités sociales de
santé et de baser sa réflexion sur une analyse approfondie de la situation en Belgique.
Cette étude a donc pour objectif de dresser un état des lieux de la question et quantifier plus
précisément les écarts de santé entre les deux groupes sociaux situés aux extrêmes de la
hiérarchie sociale, approchée par les revenus, soit entre les personnes démunies et les nanties,
mais aussi entre les différentes catégories de population, soit tout au long de la distribution des
revenus, pour mesurer l’ampleur du gradient social existant à chaque niveau de l’échelle sociale. La
méthodologie utilisée dans cette étude permet de mener une analyse quantitative du lien entre
inégalités sociales et inégalités de santé parmi la population belge, dans un domaine où les études
sont essentiellement qualitatives. Ces résultats apportent dès lors un éclairage nouveau et sont
complémentaires à ceux tirés des enquêtes menées sur le sujet.

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