Depuis 2015, Solidaris interroge chaque année plus de 1000 Belges francophones sur leur bien-être et leur santé à travers son baromètre. La 10e édition de cette enquête permet de dresser un bilan des évolutions à long terme, mettant notamment en lumière une détérioration préoccupante de la perception des soins de santé et un renforcement des inégalités.
Pour cette édition anniversaire, l’indice composite de bien-être (IBE) se stabilise à 53, après une hausse post-Covid entre 2021 et 2023. Toutefois, on note que l’IBE a reculé de 6,5 % depuis 2015. Derrière ce bilan global se cachent des réalités variées, avec des évolutions différentes selon les profils des personnes
interrogées.
Un système de santé encore reconnu mais en perte de confiance
Si 7 Belges francophones sur 10 considèrent toujours le système de soins de santé comme d’excellente qualité, cette perception recule depuis 2015 (-7 points) et atteint en 2024 son niveau le plus bas. Par ailleurs, plus de 2/3 des sondés craignent une détérioration future de la qualité des soins en raison des coûts.
De manière plus spécifique, certains indicateurs montrent des résultats historiquement bas :
- Seuls 2/3 des répondants jugent le système de santé adapté à leurs besoins, contre plus de 3/4 en 2015 (-9 points) ;
- 3/4 estiment qu’il y a suffisamment d’hôpitaux dans leur région, un recul de 8 points par rapport à 2015 ;
- 51 % des répondants affirmant qu’il y a assez de professionnels dans leur région, contre 76 % en 2015 (-25 points) ;
- 83 % des Belges francophones jugent les délais pour un rendez-vous chez un spécialiste trop longs (+7 points), et 63 % pointent des délais excessifs pour une admission hospitalière (+14 points).
Des inégalités de santé qui se creusent à long terme
L’enquête révèle un renforcement des inégalités sociales au cours des 9 dernières années. Les profils pour lesquels l’IBE (Indice composite de bien-être) diminue le plus à long terme sont ceux pour lesquels nous observions déjà un IBE plus faible en 2015 : les femmes (- 9,6 % depuis 2015); les 40-59 ans (-10,1 %) ; les groupes sociaux précaires (GS7-8) (-9,2 %) ; les familles monoparentales (-13,6 %) et les personnes en incapacité de travail (-15,2 %). Une diminution s’observe aussi pour les GS3-4, voyant ainsi l’écart se creuser avec les GS1-2 qui semblent les seuls immunisés.
Malgré l’aggravation des inégalités, de moins en moins de Belges francophones considèrent les inégalités sociales comme insupportables dans notre société (de 73 % à 64 % depuis 2015). Cette évolution suggère une acceptation croissante des inégalités sociales alors qu’elles ne cessent de se creuser.
D’autres constats préoccupants
La perception de l’état de santé physique continue de se détériorer : le taux de personnes jugeant être en bon ou très bon état de santé général diminue progressivement, passant de 64 % en 2015 à seulement 53 % en 2024. Les populations précaires sont particulièrement touchées. En revanche, bien que la santé mentale reste préoccupante, avec une proportion élevée de personnes souffrant de dépression ou ayant eu des idées suicidaires, les indices restent relativement stables.
Un autre point inquiétant concerne le lien entre travail et santé. En 2024, seulement 40 % des répondants considèrent leur travail comme une source de bien-être, contre 62 % en 2015. Par ailleurs, la difficulté à concilier vie professionnelle et personnelle est également pointée du doigts, avec une baisse notable de 60 % à 52 % sur la même période.
Des pistes pour agir …
Face à ces défis, Solidaris réaffirme son rôle de corps intermédiaire et émet des recommandations :
- Des soins accessibles à toutes et tous, quels que soient les moyens économiques ou sociaux via la mise en place d’un véritable bouclier tarifaire qui protège chaque patient contre les coûts excessifs.
- Une offre de soins organisée et planifiée selon les besoins réels. Cela passe par :
– Des conditions de travail décentes pour le personnel médical et paramédical ;
– Une organisation territoriale cohérente et multidisciplinaire, basée sur les bassins de vie;
– Un modèle de soins préventifs et non uniquement curatifs. - Une réforme ambitieuse du modèle de conventionnement : garantir une augmentation significative du nombre de prestataires conventionnés. Le conventionnement est un outil crucial pour offrir des soins de qualité à des tarifs accessibles.
Retrouvez l’entièreté de l’enquête ici.