Solidaris a analysé près de 4 000 factures de résidents pour évaluer si les aînés peuvent encore financer leur séjour en maison de repos. Les résultats sont alarmants : en 2023, séjourner en maison de repos devient un luxe que beaucoup de retraités ne peuvent plus se permettre. La hausse des coûts, couplée à des pensions insuffisantes, rend l’accès aux maisons de repos de plus en plus difficile, soulevant ainsi la question de leur accessibilité financière.

Les maisons de repos sont de plus en plus chères
En Wallonie et à Bruxelles, le coût moyen d’un séjour mensuel en maison de repos atteint désormais 1989 €, dont 108 € de suppléments. À Bruxelles, cette somme grimpe à 2 084 €, avec des suppléments moyens de 99 €. Cette tendance est particulièrement marquée dans le secteur privé où les tarifs ont explosé, atteignant une augmentation de 50 % entre 2014 et 2023. Les maisons de repos privées affichent des prix moyens de 1 985 € en Wallonie et de 2 276 € à Bruxelles. À titre de comparaison, le secteur public reste plus abordable, mais il reste largement insuffisant pour faire face à la demande. Les chambres privatives, qui représentent 75 % des factures, coûtent en moyenne 1 904 € en Wallonie et 2 198 € à Bruxelles.

Les pensions ne permettent plus de payer la facture
Cette flambée des coûts a des conséquences inquiétantes. Plus de 75 % des retraités bruxellois de plus de 69 ans et près de 50 % des Wallons ne peuvent plus couvrir ces frais avec leur pension brute. Les femmes, dont la pension est en moyenne 405 € plus faible que celle des hommes, sont particulièrement vulnérables. Même en tenant compte des frais plus faibles pour les résidents les plus modestes, la majorité des seniors, et en particulier dans la région bruxelloise, se retrouvent dans l’impossibilité de financer leur hébergement.

Solidaris fait des propositions concrètes
Soucieuse de garantir l’accessibilité des maisons de repos, Solidaris propose 3 leviers d’action :

  1. Agir sur les prix des maisons de repos : dans un contexte de marchandisation de l’hébergement des ainés, il est important de réguler les prix des maisons de repos et d’en assurer la transparence. Solidaris revendique dès lors :
    o L’instauration d’une facture maximale adaptée aux revenus des résidents ;
    o L’établissement de normes d’encadrement différenciées en fonction des profils des soignants et un juste financement des infrastructures ;
    o Une publication systématique des prix d’hébergement présents et passés ;
    o La transmission digitale et exhaustive des notes de frais aux mutualités.
  2. Agir sur les pensions des retraités : la régulation des prix des maisons de repos ne suffit pas, il est impératif de mieux financer les pensions afin d’éviter la précarité des retraités. Solidaris revendique dès lors :
    o La création d’une dotation vieillissement-santé indexée sur un coefficient de vieillissement ;
    o Un taux de remplacement de 75 % du salaire moyen ;
    o La pension à 65 ans et pension anticipée à 60 ans ;
    o Un droit à la pension complète après 40 années de carrière ;
    o Une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail ;
    o L’assimilation du travail de reproduction sociale à de l’emploi.
  3. Promouvoir des politiques du vieillissement respectueuses de la diversité : les lieux de vie des seniors doivent répondre à leurs besoins à chaque étape de la vie, garantissant dignité, citoyenneté et solutions adaptées, tout en respectant la diversité des situations. Solidaris revendique dès lors :
    o La reconnaissance de l’hétérogénéité du public des personnes âgées dans les politiques du vieillissement ;
    o La création d’un continuum entre le domicile et les MR/MRS en soutenant l’accompagnement au domicile de même que la création et l’accès aux logements alternatifs ;
    o La création d’un guichet unique pour les personnes âgées ;
    o Un ancrage local pour les lieux de vie des seniors.

Cette étude, actualisée après celle réalisée en 2016, intervient dans un contexte préoccupant : vieillissement démographique, augmentation des maladies chroniques, crises sanitaires et pénurie de soignants. Comprendre le coût réel des maisons de repos et améliorer leur accessibilité devient un impératif. Pour Solidaris, il est important d’agir pour que vieillir dans la dignité et recevoir des soins adéquats ne devienne pas un luxe réservé à une minorité.

Retrouvez :

  • l’entièreté de l’étude : ici
  • la synthèse de l’étude : ici