La question de l’incapacité de travail relève d’un problème de santé publique dont les enjeux sont considérables. Les personnes en incapacité de travail prolongée cumulent leurs problèmes de santé avec une inactivité professionnelle entraînant des revenus moindres et, par conséquent, un plus grand risque de pauvreté. L’incapacité de travail prolongée peut aussi aggraver les problèmes de santé, l’isolement social qui en résulte induisant des troubles dépressifs et éventuellement des conduites addictives.
Le secteur des indemnités représente également un enjeu budgétaire. En effet, ce secteur a un poids non négligeable dans la Sécurité sociale – d’autant plus qu’il concerne un groupe important de personnes qui sortent du marché du travail pour une longue période – et il est étroitement lié au secteur des soins de santé. A l’instar de ce qui a été observé ces dernières années, il risque de croître tant en termes d’effectifs qu’en termes de dépenses, sous l’effet des politiques en matière de fin de carrière – notamment le recul de l’âge de la pension et de la prépension – et de l’expansion de nouveaux troubles de santé, en particulier ceux liés à la charge psychosociale sur les lieux du travail.
En 2013, selon les chiffres de l’Institut National de l’Assurance Maladie – Invalidité (INAMI), on comptabilisait au niveau national près de 320.000 salariés et indépendants en incapacité de travail d’au moins un an (invalidité) et plus de 400.000 personnes avec un épisode d’incapacité de travail de moins d’un an (incapacité de travail primaire).
Les dépenses de ce secteur s’élèvent, en 2014, à environ 6 milliards € (dont 4,3 milliards € pour le régime de l’invalidité et 1,7 milliard € pour l’incapacité de travail primaire). Par ailleurs, c’est pour ce secteur de la Sécurité sociale que l’on observe la croissance des dépenses la plus soutenue : les dépenses ont été multipliées par deux en dix ans (soit +3 milliards € depuis 2003).
Les chiffres de Solidaris Mutualité (régime général uniquement) montrent également une évolution importante dans le secteur des indemnités. En 2012, on comptabilisait environ 260.000 affiliés de Solidaris Mutualité indemnisés pour une incapacité de travail (incapacité primaire et invalidité) alors qu’ils étaient 195.000 en 2003. Parmi ceux-ci, 154.000 affiliés ont été indemnisés pour une incapacité de travail primaire (soit une augmentation de 24,5% par rapport à 2003) et 106.000 sont en invalidité (soit une augmentation de près de 50%). En 2012, c’est près d’un de nos affiliés de 20-64 ans sur sept qui a connu un épisode d’incapacité de travail primaire, ce rapport étant stable ces dix dernières années.